Voyager au Brésil et plus précisémment à Rio a eté pendant trés longtemps un fantasme ultime. Nourrit et bercé par la mélancolie des années Jao Gilberto ,Jobim, Villa Hobos et l’esprit brouillé par le flou des plages océaniques brumeuses tropicales sans jamais être “carte postale” j’étais inquiet de confronter cet imaginaire un peu désuet et délavé à la réalité de la vie Brésilienne. Résultat un choc thermique, visuel et qui sait un peu culturel. Le Brésil d’aujourd’hui n’a sans doute pas grand chose à voir avec les images souvent caricaturées de" l’inconscient collectif" mais j’ai adoré. J’ai encore du mal à mettre des mots sur ce charme et cette attirance mais c’est sans doute la pulsion de vie qui irradie cette ville solaire et clivée. Chaque pierre, chaque rue, chaque odeur, chaque signe relèvent du mystère mais aussi d’une réalité sociale forte parfois brutale. A la fois hypnotisé par sa beautée et sa nature indomptable je trouve la ville complexe architecturalement anarchique et absurde. Ce n’est souvent pas ces buildings impersonnels qui la rendent belle mais les décalages les frottements, l’érotisme urbain qu’ils créent au contact des vieilles demeures début de siècle souvent abandonnées aux frasques de la nature et qui rappellent aussi cette histoire forte qui ne s’efface pas. Ou encore le contraste entre l’hédonisme collectif, cette sensation de flottement crée par la chaleur moite et langoureuse et cet ideal du corps parfait, moulé, siliconé sculpté dans des salles de gymn aseptisées et souvent impersonnelles qui rappelle que le dogme de la croissance économique et du modèle occidental n’est jamais trés loin…Rio est multiple à la fois fragile et écrasante et l’on en tombe assez vite amoureux.

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